Article par
Didier Blanc, Professeur à l'Université Toulouse Capitole, IRDEIC
Lecture Bidault, professeur de droit, noblesse dans la fonction, dans son rôle de savant, en revanche sa posture est sujette à caution quand il agit et pense en militant, la posture est délicate à assumer et très souvent l’un cache l’autre, autrement dit, en général le savant dissimule le militant, c’est un cas de figure très présent aujourd’hui chez ceux qui s’intéressent aux droits fondamentaux.
Il s’agit sans doute d’une adaptation à l’absence à proprement parler d’intellectuels du droit. Depuis l’affaire Dreyfus l’intellectuel peut être présenté comme celui ou celle dont l’expertise et le savoir son reconnus dans un domaine de l’esprit et qui met cette reconnaissance au service d’une cause. Ecrivain, philosophe, chercheur en SHS occupent cette place, pour le juriste il est difficile de trouver un équivalent, comme si le droit était surtout ramené à une technique, à son positivisme et c’est au fond la position de G. Bidault, même si aujourd’hui Mireille Delmas-Marty ou François Sureau ont un statut proche de l’intellectuel.
Le juriste se vit sans doute comme un homme d’action, la liste et nombreuse de Capitant et Teitgen à Jack Lang de politiques professeur de droit.
Ces réflexions générales me conduisent à faire part aujourd’hui d’une très modeste expérience de militant et de savant dans deux champs distincts, quoique liés, celui de la constitution et de l’Union européenne, et plus particulièrement sur un angle institutionnel, qui est à mes yeux celui où se montre le plus la force du droit et où une approche généalogique s’impose.
Il m’a semblé important de faire part de cette expérience à destination des jeunes chercheurs en droit, dont la vision est parfois éthérée, éloignée des contingences, mais celle-ci ont d’importantes répercussions sur l’objet même de leur études.
D’autres raisons m’ont également poussé à proposer à H. Gaudin, directrice de l’IRDEIC que je remercie à cette occasion, le thème de cette conférence. La première est qu’il y a en quelque sorte prescription, j’ai endossé les habits du militant il y a plus de 15 ans et l’échec qui en a résulté quant à la cause alors défendue rend possible un regard détaché. Date de parution15 septembre 2005
Ensuite, il y a le contexte politique actuel qui n’est pas sans rappeler les raisons qui m’ont poussé à m’efforcer de mettre mon savoir au service d’une idée.
Si n’étonne plus personne aujourd’hui que le débat politique soit réduit en une opposition entre des partis de gouvernement et l’extrême droite, en 2002 au moment où s’amorce cette nouvelle bipolarisation illustrée par le second tour entre J. Chirac et JM Le Pen, les défauts du régime, qui se sont aggravés depuis, éclatent au grand jour.
Le plus étonnant est que finalement alors qu’elles n’ont jamais été aussi dévoyées, les institutions de la Vème république ne font plus guère l’objet de discussion ; hormis, e rapport intitulé « Refaire la démocratie » e adopté le 2 octobre 2015, qui avance dix-sept proposition et sans lendemain. Or, la période pré-présidentielle est en général propice aux propositions de réforme constitutionnelle.
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